On ne présente plus Steve McQueen. Iconique, désormais mythique, on pensait avoir tout vu du king of cool. Pourtant la Galerie de l’Instant nous invite à découvrir des photos inédites de l’acteur et pilote. C’est aussi la première exposition autour de Barry Feinstein en France. Décryptage avec la galeriste Julia Gragnon.
Pour commencer, peut-on revenir sur la naissance de l’exposition ?
La naissance de l’exposition, ce sont les deux expositions précédentes. La première c’était en 1998 avec les photos de mon père (ndlr : François Gragnon, photographe à Paris-Match) que je venais de découvrir par pur hasard. Du coup on a fait on a fait un bouquin pour justifier l’exposition et parce que je rêvais de faire un livre et c’était la meilleure excuse. Après, on s’est rendu compte qu’il y avait beaucoup de personnes qui étaient complètement dingues avec Steve McQueen. Je n’avais pas réalisé à ce point-là. Pour moi, il y avait Marylin. En fait non, il y a Marylin et il y a Steve. Ensuite, par hasard, j’ai découvert les photos du photographe John Dominis qui est mort il y a deux ans. Il avait suivi Steve McQueen sur la promo de La Grande Evasion en 1963. Mon père c’était 1964 quand il avait fait les championnats du monde d’enduro pour l’équipe américaine et là c’était l’année d’avant. C’était la même approche. McQueen, c’était quelqu’un qui n’aimait pas poser ou être mis en scène, en tout cas pour les photos. Donc si les photographes étaient discrets, cools, aimaient les bagnoles et les motos, ça se passait tout seul. John Dominis c’était ça, il devait faire trois jours de promo…il a fait trois semaines. Du coup, rebelote, deuxième exposition. Là je me suis vraiment spécialisée. Maintenant, c’est rare les photos de McQueen que je ne connaisse pas. La seule exposition qui me manque c’est William Claxton. De par ces deux expositions, Dave Brelan, qui a fait le livre sur Steve McQueen et les photos de Barry Feinstein, est venu me voir. Je lui ai dit biensûr !
A la base, ce sont des photos que Barry Feinstein ne voulait pas sortir ?
Barry Feinstein était copain avec Steve McQueen comme l’était William Claxston d’ailleurs. Il y a toute une partie de photos dans l’exposition où il est entouré de ses amis autour d’une bagnole, autour d’une moto…Ce sont des photos que l’on ferait si on allait faire du vélo, sauf que l’on n’est pas Steve McQueen sur une Triumph ! Donc il y a toute une partie personnelle. Ensuite, il a fait des photographies sur le tournage de Bullitt mais c’était pour la production donc c’était dans un cadre très précis de travail. Il n’estimait pas qu’il y avait de quoi faire quoique ce soit d’intéressant, pour lui, sur toutes ces séries avec Steve McQueen, il y en avait peut-être deux ou trois qu’il avait exploité vraiment. Quand on voit le fond, deux ou trois séries, il n’était vraiment pas objectif. Je veux bien qu’il soit exigeant mais quand même !
Est-ce que l’on arrive à situer le début de leur amitié ?
Au début des années 60. Les photos que l’on a, cela doit être vers 1962. Mais les premières fois, c’est au début des années 60. Et surtout, pour aller faire de la moto, de la voiture dans le désert en Californie, cela n’avait rien à voir avec la photographie ou le cinéma. Justement, Dave Brelan racontait que, quand il travaillait avec Barry Feinstein, tout était comme ça. C’est-à-dire que vous papotiez de trucs pendant deux heures…où il était question d’un John qui venait déjeuner, sauf que John c’était Kennedy. Il m’a dit qu’il s’est rappelé après de moments où il disait qu’il adorait les voitures et les motos, qu’il y allait avec des copains. Il n’a compris qu’après, que dans ces personnes, il y avait Steve McQueen. Parce que c’était sa vie normale. C’est aussi ce qui plaisait à McQueen et qui fait que les photos sont bonnes.
Maintenant, peut-on encore sentir cette sorte de mythologie McQueen ?
Vous êtes venu au vernissage, vous avez compris. C’est délirant. Quand ce sont les Rolling Stones, on s’y attend. McQueen il a été repris mais ce n’est pas quelque chose qui a été programmé chez les gens. Quand on dit king of cool, c’est tellement ça. Quand vous voyez la photo où il est avec le flingue sur le canapé….Entre la nonchalance, l’élégance, tout se met en place tout seule. Je suis un mec, je veux être comme ça ! Mais comme il était, c’est-à-dire sans faire exprès d’être comme ça.
Historiquement, les photos ont été retrouvées, le livre a été fait et c’est de là qu’est née l’exposition…
Oui, d’abord le livre. Après, Dave Brolan a organisé une exposition a Londres. Il était venu me voir quand le livre allait sortir. Il m’avait montré la maquette et je lui ai dit d’accord. Il a fait l’exposition à Londres et puis il savait qu’ici à part me donner les tirages, il n’aurait rien à gérer. A Londres, c’était une présentation différente, ils avaient loué un espace, mis des motos, des voitures…Là c’est autre chose, une vie de galerie. Mais les gens étaient tout contents. Et du coup, comme on est un peu spécialisé McQueen, j’avais plein de photos que je gardais pour une autre exposition. Donc, on les sort et les gens découvrent. Ça crée une émulation, c’est très amusant et agréable.
Peut-on imaginer une nouvelle exposition McQueen ?
Il me faut Claxton ! Il ne me manque que lui. Après j’arrête les expositions McQueen ! Sinon, je rêve d’une grosse exposition sur lui dans un musée, les gens ne demandent que ça.
Photographies : Barry Feinstein, courtesy of Galerie de l’Instant, Paris
Exposition jusqu’au 16 Septembre 2015
Galerie du Jour, 46 Rue de Poitou, 75003 Paris
Renseignements : lagaleriedelinstant.com
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